La quat de couv:
Mai 2016. La juge Alma Revel doit se prononcer sur le sort d'un jeune homme suspecté d'avoir rejoint l'État islamique en Syrie. À ce dilemme professionnel s'en ajoute un autre, plus intime : mariée, Alma entretient une liaison avec l'avocat qui représente le mis en examen. Entre raison et déraison, ses choix risquent de bouleverser sa vie et celle du pays...
Karine Tuil nous entraîne dans le quotidien de juges d'instruction antiterroristes, au cœur de l'âme humaine, dont les replis les plus sombres n'empêchent ni l'espoir ni la beauté.
Et aussi.
Du même auteur sur mon blog.
Karine Tuil - L'insouciance. - distractions-pierre (over-blog.com)
Karine Tuil - L'invention de nos vies - distractions-pierre (over-blog.com)
Radicalisation islamiste: ces Français qui deviennent djihadistes - L'Express (lexpress.fr)
Extraits.
"La littérature exploitait et révélait la complexité des êtres ; ceux que j'avais chaque jour en face de moi cherchaient sinon à la dissimuler, du moins à la rendre moins visible, à lisser tout ce qu'il y avait de brutal et de féroce en eux et, derrière ce procédé, je voyais moins une manipulation qu'une tentative désespérée de ne pas se heurter à soi-même. Lire, c'était se confronter à l'altérité, c'était refuser les représentations falsifiées du monde.»
«L’homme n’est pas un bloc monolithique mais un être mouvant, opaque et d’une extrême ambiguïté, qui peut à tout moment vous surprendre par sa monstruosité comme par son humanité.»
«- Je ne comprends décidément pas pourquoi il est plus glorieux de bombarder de projectiles une ville assiégée que d'assassiner quelqu'un à coups de hache.
J'étais sonnée par sa remarque, je ne parvenais pas à cacher mon trouble. Il a souri.
- Est-ce que vous savez qui a dit ça ?
- Un aspirant au jihad, j'imagine.
- Non, c'est Dostoïevski, dans 'Crime & Châtiment', 1866.
(p. 132-133)»
«Cette haine de la France, exprimée par des jeunes qui y sont nés pour la plupart, qui y ont grandi, c’est toujours une incompréhension totale. Certains ne se sentent même pas français, revendiquent une autre nationalité. On ne sait jamais précisément de quoi cette haine est le produit. D’un lavage de cerveau ? D’un rejet social ? D’une humiliation ? De la transmission d’une humiliation ? D’un processus carcéral qui les a mis en relation avec les mauvaises personnes ? D’un processus judiciaire ?»
A mon humble avis.
Difficile de ne pas être touché par ce superbe roman. J'avoue que je suis un inconditionnel de Karine Tuil. Alors voilà cette histoire où se mêlent amour et terrorisme. «La décision» est un beau plaidoyer sur les difficiles métiers de la justice. Comment rendre cette justice face à des fous furieux qui ne vivent pas et ne comprennent pas nos lois et notre culture. Sans tomber dans la facilité, l'auteure nous entraîne dans les arcanes de la justice française. Le drame psychologique de cette femme nous ramène à nos propres jugements. Qui sommes nous pour juger ?. Qui a le droit de dire le bien ou le mal ? Qu'est ce que la justice. Grand débat sans fin … Le style Karine Tuil est là simple et efficace comme toujours. A lire absolument …..