La quat de couv.
Croatie, 1989. Dans un bourg de la côte dalmate, Silva, 17 ans, disparaît durant la fête des pêcheurs. L'enquête menée par Gorki Sain fait émerger un portrait complexe de cette jeune fille qui prenait et revendait de la drogue. Quand le régime de Tito s'effondre, l'inspecteur est poussé à la démission et l'affaire classée. Seule la famille de Silva poursuit obstinément les recherches.
À travers ce drame intime et la quête de la vérité par la famille, L’Eau rouge déploie dans une grande fresque les bouleversements de la société croate : chute du communisme, guerre de 1991 à 1995, effondrement de l’économie et de l’industrie, statut des vétérans de guerre, explosion de l’industrie touristique et spéculation foncière, investissements étrangers et corruption… Ou comment les traumatismes de l’Histoire forgent les destins individuels.
Et aussi
A lire.
Du même auteur.
Extraits.
« Parce qu'on ne dilapide pas ce que l'on n'a pas gagné.
Parce que notre génération est tout ce qu'il y a de plus puant.
On croit qu'on peut vivre sans travailler, dépenser ce qu'on n'a pas acquis, on croit que tout ce qui est bon nous est dû. Eh bien non ! Rien ne nous est dû ! Et pour ça, je ne vais pas vendre, justement pour que ça aille pire. Parce qu'ils méritent tous que ça aille pire. »
« Gorki contemple cet océan de cartons et de registres , il imagine tout ce qu’ils doivent contenir . Des pistolets, des noeuds coulants et des gants , des couteaux éclaboussés de sang, des bandes magnétiques avec des enregistrements secrets, des pièces d’identité, des contrats , des annexes confidentielles, des papiers témoignant de toutes sortes d’acrobaties commerciales. Toute la privatisation des années quatre-vingt-dix se retrouve dans cette pièce , toutes les affaires politiques et les scandales de corruption, les traquenards mafieux, tous les crimes de guerre, les actes de tortures pratiqués sur les prisonniers, le feu mis aux vieillards dans les villages. Tout ce que la police et les tribunaux n’ont pas purgé , nettoyé , a été versé ici , et ça fait beaucoup de chose. »
« Jusqu'à ce matin, Jakov pensait qu'ils menaient une vie normale, la vie d'une famille normale avec des problèmes normaux à deux balles.
Durant toutes ces années, il a cru avoir une fille exubérante, dotée d'un sacré tempérament, qui n'en faisait qu'à sa tête. Il aurait bien aimé quelquefois que Silva soit plus tranquille, plus docile, moins rebelle. Mais c'était juste des petits problèmes de l'adolescence. C'est ce qu'il pensait. Il savait maintenant qu'il s'était trompé. »
« Dans cette guerre , il n’y a pas de victoire possible, les défaites sont seulement différées. »
A mon humble avis.
Un bon roman «captivant». On rentre de suite dans cette triste histoire. La disparition d'une jeune fille, Silva Vela, 17 ans en septembre 1989, dans un petit village de pêcheurs de la côte Dalmate, en (ex) Yougoslavie. Mais dans ce cas, c'est l'absence de certitude qui est la trame de ce roman. L'obsession de ce frère, cette vie au service de cette recherche pendant près de 30 ans. Ici est le talent de l'auteur qui nous plonge dans les affres de cette recherche et nous fait comprendre aussi les tourments de cette Yougoslavie d'avant. Avec des personnages décrits avec talent, on ne lâche pas ce roman.
À lire bien sûr ...