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Christopher Priest - Notre île sombre.

La quat de couv :

 

 Je suis sale. J'ai les cheveux desséchés, pleins de sel, des démangeaisons au cuir chevelu. J'ai les yeux bleus. Je suis grand. Je porte les vêtements que je portais il y a six mois et je pue. J'ai perdu mes lunettes et appris à vivre sans. Je ne fume pas, sauf si j'ai des cigarettes sous la main. Je me saoule une fois par mois, quelque chose comme ça. La dernière fois que j'ai vu ma femme, je l'ai envoyée au diable mais j'ai fini parle regretter. J'adore ma fille, Sally.

     Je m'appelle Alan Whitman... Et je survis dans une Angleterre en ruine, envahie par des populations africaines obligées de fuir leur continent devenu inhabitable.

 

     Notre île sombre est la version révisée du Rat blanc, une œuvre « de jeunesse » datant de 1971. Se situant dans la droite ligne des romans catastrophe de J.G. Ballard et John Wyndham, Christopher Priest y dresse le portrait ironique d'une ancienne puissance coloniale colonisée à son tour. Plus de quarante ans après sa première édition, Notre île sombre n'a rien perdu de son pouvoir de fascination. Sa critique de l'arrogance des pays du Nord vis-à-vis de ceux du Sud est plus que jamais d'actualité.

Christopher Priest a connu un succès mondial avec Le Prestige, adapté au cinéma par Christopher Nolan.

Extraits:

« Nous les regardions avec un mélange d'horreur et de fascination. Hommes, femmes, enfants - la plupart, sinon tous, émancipés, maladies, gravement sous-alimentés. Bras et jambes squelettiques, ventres distendus, têtes osseuses aux yeux fixes ; seins plats et flétris des femmes ; visages accusateurs de tous. Nus ou presque. Beaucoup d'enfants incapables de marcher. Ceux que personne ne voulait porter restaient sur le bateau »

 

« Une fraction minoritaire de la population réagissait inévitablement par la haine et l’agressivité face à ces désespérés dépossédés de tout. […] Toutefois, le peuple britannique en général n’avait rien à voir avec ce genre de choses. Les valeurs traditionnelles de tolérance se perpétuaient, même si on ne pouvait refuser de voir ce qui se passait un peu partout. […] Ce qui arrivait aux réfugiés les horrifiait – les circonstances dans lesquelles ces malheureux avaient fui leur propre patrie, mais aussi les conditions de vie qui leur étaient faites à présent. Le citoyen lambda essayait d’aider les volontaires et les organismes gouvernementaux à reloger les sans-abri, mais d’un autre côté, il ne pouvait s’empêcher de redouter l’influence qu’exerceraient près de deux millions de réfugiés sur sa vie, son foyer et son travail. […] Ce banal britannique, très tolérant, gérait en général ses peurs en regardant ailleurs et en espérant que le problème se règlerait tout seul « 

 

« Ils arrivaient à la rame, à la nage, en trébuchant, jour et nuit, semaine après semaine. Pendant deux ans. Le continent, désormais inhabitable, dispersait des réfugiés par le monde entier. »

 

Et aussi:

Auteur prolifique Christopher Priest est bien connu des amateurs de science fiction. On lui doit notament :

Christopher Priest - Notre île sombre.

A mon humble avis:

Roman catastrophe ou roman d'anticipation: c'est la question. C'est dans une Angleterre colonisée envahie par une population venant d'Afrique qu'est racontée l'histoire de cet homme « blanc ». On pourrait se dire encore un bon petit livre de facho, mais non, c'est là le talent de Priest de manier, ironie, réflexion et humour noir. L'idée génial d'utiliser dès le départ le concept de colonisation mais cette fois-ci inversé, ce qui rend la lecture encore plus intéressante. A lire évidemment.

 

Tag(s) : #Lectures
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